Trois terrains ont été choisi, dans des écosystèmes variés du pays, qui offrent la possibilité d’aborder les problèmes d’eaux souterraines sous trois angles complémentaires :
– La remontée de la nappe et ses conséquences dans la capitale du pays, Nouakchott.– La salinisation des eaux souterraines observée à travers les puits de la dune de Ziré (Parc National du Diawling)
– Les risques de pénuries d’eau dans les oasis de l’Adrar au centre du pays.Remontée de la nappe à Nouakchott
Construite dans les années 1950 dans une zone peu favorable à la construction, Nouakchott fait actuellement face à une problématique de remontée des niveaux piézométriques.
Cette remontée est liée, d’une part, à une augmentation des rejets d’eaux usées dans les sous-sols du fait de la très forte croissance démographique et d’un intense développement urbain et d’accumulation des eaux de pluie dans les zones dépressionnaires et les fuites dans le réseau d’adduction d’eau potable, d’autre part.
La nappe atteint actuellement la surface du sol dans plusieurs quartiers de la ville, dont certains sont désormais abandonnés. Cette situation est responsable de perturbations sociales et environnementales majeures.
Les chercheurs de la JEAI HASSI travaillent sur cette problématique depuis 2015 (Mohamed et al. 2017), la poursuite de ces travaux a bénéficié de l’intégration d’autres aspects tels que l’analyse de la participation des acteurs sociaux locaux, l’approfondissement et développement de connaissances hydrogéologiques (piézométrie et géochimie) et biologiques de la nappe.
En parallèle, l’équipe mènent des activités de dialogue entre scientifiques et non scientifiques à propos de l’évolution de la nappe permettant ainsi un meilleur partage de connaissance et circulation des savoirs.Salinisation au Parc National du Diawling
Le bas delta du fleuve Sénégal présente une autre forme d’anthropisation problématique des milieux naturels. Depuis la fin des années 1980, le régime hydrologique de cette région a été modifié par la construction de barrages sur le fleuve Sénégal et la création du Parc National du Diawling (PND) qui vise à reproduire artificiellement la crue naturelle.
Ces transformations se traduisent par des évolutions importantes des ressources en eaux souterraines.Les recherches engagées dans le PND, associant hydrogéologues et socio-anthropologues de la JEAI HASSI montrent que les habitants possèdent des connaissances solides sur l’évolution annuelle et interannuelle des niveaux piézométriques, de la salinité et de la répartition spatiale et temporelle de masses d’eau souterraine (salée vs douce).
Ce terrain représente un véritable laboratoire de construction de savoirs hydrologiques hybrides (scientifiques et profanes) et d’une plateforme de dialogue inter-acteurs (Riaux et al. 2021). Le PND est déjà activement engagé dans ce processus scientifique.Manque d’eau et salinisation des nappes en Adrar
Les oasis de l’Adrar au nord du pays abritent une population importante et sont vitales pour l’économie locale. Elles sont irriguées à partir des eaux souterraines, à l’aide de points d’eau traditionnels (hassi et aïn) et plus récemment de forages. Les moyens de pompage évoluent, du pompage à la main jusqu’aux années 1990 aux motopompes et au pompage solaire aujourd’hui Ces évolutions se heurtent aux limites des aquifères restreints, peu ou pas rechargés.
La multiplication des forages incontrôlés et le développement du pompage solaire conduisent à une surexploitation inquiétante qui met en péril la pérennité des oasis, avec comme conséquence immédiate la baisse du niveau des nappes et la salinisation des eaux.
Trois oasis ont été sélectionnés. Salinisation des eaux à Timinit, baisse de la nappe à Maaden et baisse et salinisation à Mhairith Ces trois oasis présentent donc des situations hydrogéologiques qui permettent de saisir les enjeux relatifs aux eaux souterraines, de manière plus générale, dans l’Adrar Les chercheurs ont développé dans ces oasis une approche de suivi collaboratif des nappes. Ce travail collaboratif facilite le tissage de relation entre habitants et scientifique et constitue le support du dialogue science-société autour des eaux souterraines.